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Tribune libre : lettre "les maux de Ferdinand"

Bonjour à tous,

Notre nouveau site vient de voir le jour, et comme l’enfant qui vient de naître, nous allons le choyer et lui apporter tout ce qu’il faut pour grandir : « DE L’INFORMATION ». Car le savoir est l’essence même de l’évolution de l’individu comme d’une société. Ainsi, régulièrement, nous publierons des lettres ouvertes.Pour ouvrir le bal, nous allons commencer par « les maux de Ferdinand ». En hommage au facteur Cheval, qui lors de sa longue et placide tournée, laissait son imagination le porter dans un monde féérique et rêvait de palais majestueux. Un monde plein d’humanité, emplis de bonnes et mauvaises nouvelles, qu’il diffusait à chacun. Il était le lien qui unit les hommes. Il partageait leur bonheur et leur souffrance au gré de sa course. Les informait des événements de la région, mariages, décès, et refaisait quelque fois le monde.Nous sommes aujourd’hui bien loin de cette vision, à commencer par le blues ! Non pas du ciel, mais des collaborateurs de Post Mail, en lisant la note d’information du 05 janvier 2011, de notre cher responsable Ueli HURNI. Avec un titre choc, stratégique, je cite : « continuez à développer Post Mail en tant que pilier de la poste ». A l’heure de l’ouverture du marché postal, de la volonté de créer une banque postale, et de la transformation de notre entreprise en société anonyme, il y a là de la « provoc ». Et pour appuyer là où cela fait mal, reprenons point par point ses propos.Processus :On y parle de compétitivité, de technologie de pointe avec comme stratégie d’améliorer encore les performances, et de réduction des coûts. Une dernière phrase de ce paragraphe rassemble à elle seule toute la politique du groupe.Lisez que nous sommes gérés comme les grandes entreprises privées de ce monde. Gagner des marchés, et dégager rapidement ; c’est important, un maximum de marge avec un minimum de personnel. On comprend tout l’intérêt récurant de faire « tomber » la convention collective du travail de la Poste, et la rude bataille menée pour créer une banque Postale qui, quoi qu’ils en disent, ouvrira tôt ou tard son capital aux actionnaires privés, qui ne manqueront pas de prendre un jour le pouvoir par je ne sais quelle fusion, et démantèlement soigneusement planifié. Une fois encore le peuple sera dépouillé de l’un des fleurons de notre société pour être jeté en pâture au monde de la finance, avec l’assentiment intéressé (lisez rémunérez) de nos élus. Malheureusement, les exemples de délabrement de tels fleurons sont légion dans ce monde. Mais il est vrai que cela ne peut pas arriver en Suisse…Marché :Point de surprise les mots sont les mêmes. Concurrence, compétitivité, partenariat, acquisition d’entreprise, et pour terminer « générer de nouvelles recettes ».Pour mieux comprendre, il faut lire : externalisation des services, au travers d’entreprises privées (certainement d’anciens apparatchiks de la Poste ou de la politique), et réduction des salaires avec du personnel non qualifié. C’est un pari audacieux ! Ou comment motiver un personnel sous payé, et fournir une gestion transversale de la qualité, évoquée dans le chapitre plus loin. Je suis dubitatif quant au résultat escompté. Alors, pour se donner bonne conscience, la Poste dit agir de manière responsable et durable en développant la flotte de véhicules électriques. Affirmation totalement décalée et hors contexte !?  « Le poisson est noyé, ou plutôt « le poison est diffusé » ». Quand est-il alors du personnel ?Et bien rassurez-vous, le discours évoqué plus haut perdure. Je site : le travail est axé sur le succès d’équipes, hautement performantes. La Poste offre même des emplois pour exploiter au mieux les capacités et s’épanouir.Si cela n’est pas du social!   Contenez votre joie, car en fait il faut lire que nos responsables choisiront « des bêtes de somme, les plus belles pièces ». Un personnel exploité au maximum, docile et certainement sous contrat à durée déterminée, voire renouvelable. Et oui, c’est comme cela qu’ils nous tiennent. C’est là la dure loi de l’offre et de la demande.Une fois de plus, on peut constater à quel point le discours est perfide, antisocial et méprisant envers les collaborateurs Post Mail. Un personnel en permanence sur le fil du rasoir qui n’a plus aucune liberté d’initiative, constamment épié, évalué, et se demande quand et comment il va être broyé par la machine postale. Elle-même engagée dans un processus de démantèlement, avalisé par un état désengagé. Allez expliquer au peuple Suisse qu’une entreprise d’état qui gagne des millions (ce qui entre parenthèses n’est pas inscrit dans les textes, car le service public n’a pas pour vocation de faire des bénéfices, mais de garantir un service à l’ensemble de la population, et d’équilibrer ses comptes tout en modernisant son outil). Allez donc expliquer au citoyen lucide, comment une entreprise qui réalise des bénéfices colossaux, puisse mettre des centaines de collaborateurs distribution au chômage. Que dire aussi de la fermeture imminente d’une centaine d’offices dans une deuxième phase annoncée ?Il n’y a que les âmes naïves pour croire ce cher Monsieur HURNI. C’est au contraire une colère sourde qui s’installe insidieusement au sein des « Postmaliens ». Quand donc allez-vous, Monsieur les énarques, arrêtez de nous prendre pour des imbéciles ? Croyez-vous que nous soyons dupes au point de ne pas comprendre les desseins dans lesquels vous vous êtes engagés vous aussi ? Une marchandisation totale de notre entreprise sans laquelle nous ne pourrions survivre face à la concurrence, selon vos dires. Un discours dépassé, qui ne cache en réalité que la recherche du profit rapide, au détriment des gens qui l’ont généré.Les rêveries du facteur Cheval, sont bien loin de notre monde insipide. Mais prenez garde monsieur, un espoir est train de naître des révolutions actuelles, nous y reviendrons plus tard… A Bientôt donc, dans le monde des « maux de Ferdinand ».

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