Langue/Sprache

Tribune libre : Les mots de Ferdinand n° 5

Les maux de Ferdinand N°5

 _Tiens, Ferdinand ! Te revoilà. Il y a bien longtemps que l’on ne t’avait vu parmi nous !

_Eh oui ! Je médite, j’me remémore. Je repense au bon temps. Celui des facteurs heureux chantants. Indépendants et Travailleurs acharnés. A ces bureaux de postes conviviaux où les couples de buralistes se pliaient en quatre avec bonhomie pour te fournir un service de qualité. Et qui ne manquaient jamais de te demander des nouvelles des tiens ou du p’tit dernier ; tu vois ?

_Eh bien…il y a là de la nostalgie mon Bon !

_Oui pour sûr ! Quand je lis les courriers internes, le journal de la poste, les articles des quotidiens…Je me dis que notre belle institution a perdu son âme. Sa vocation universelle de servir les hommes pour les hommes. Où que tu regardes ; où que tu lises ; où que tu écoutes ; le discours est le même. Avec Jürg Bucher, notre président sortant. Nous sommes entrés avec grand fracas, depuis plusieurs années, dans le monde moderne et détestable de la finance. De la compétitivité, de la course effrénée aux profits, de la rationalisation et des plans d’économies drastiques successifs, mettant à mal les + frêles que nous sommes.

_Mais encore !

_Ce qui me fait sortir aujourd’hui de cette torpeur qui nous envahie tous, c’est cette lettre « bristol », au format 17 x 17, envoyée en lettre prioritaire, intitulée « Agir ensemble ».

_Quel mépris pour ses collaborateurs ! Quelle frustration il génère au + grand nombre d’entre nous ! J’ose simplement espérer qu’il a payé de ces deniers personnels ; (903 384 CHF/annuel, hors primes de départ) ; pour un torchon pareil !

Je cite : « En ces temps de mutations, aussi bien dans la société qu’au sein de notre entreprise, la confiance est certainement ce qu’il y a de plus précieux pour toute personne exerçant une activité de direction…Cette vision, nous l’avons partagé ensemble…Les clients, les citoyens, les élus vous en seront reconnaissants ; je vous souhaite à toutes et à tous plein de succès pour l’avenir, aussi bien sur le plan personnel que professionnel »

 _Cela même, à la veille d’un plan social Postmail « aux petits oignons ». Avec en ligne de mire un plan social Postal et vente, préprogrammé par Susanne Ruoff. Cela te donne envie de vomir et de rejoindre « illico presto » les indignés du monde entier ! Car il ne faut pas rêver ! Après les « teams », distrinova, kaizen, et autres noms alambiqués, présentés par notre trublion de service comme une avancée de l’entreprise et de ces collaborateurs pour rester dans la course ; se cache en réalité et à court terme, une volonté de déstructuration de la Poste en 2 groupes dans un premier temps. PM/PV/Car Postal d’un côté et Postfinance de l’autre. C’est là qu’intervient notre nouvelle « élue » encensée par la Confédération et son Conseil Fédéral. Voilà une spécialiste de la rationalisation à outrance, du partage du travail, de la logistique fondée sur l’informatisation tout azimut de l’entreprise. Crois-moi, cela va faire très mal !

_Ses missions de finalisation de privatisation en S.A et de naissance de la banque Postale vont être fatales à PV. Adieux bulletins de versement (BV), vive la carte à puce et son pendant le « E banking ». Imagine ton futur bureau de poste. (Je ne te raconte pas d’histoire…vas voir en pays limitrophes et tu vas vite comprendre). Imagine donc, disais-je, ton futur bureau de poste.

_C’est « Manor » rayon papèterie ! Ambiance feutrée, éclairage soigné mettant en valeur linéaires et têtes de gondoles. Têtes de gondole, dans le jargon de la grande distribution… (Sans jeu de mots)…désignant les terminaisons des linéaires mettant en évidence les « promos ». Enveloppes tous formats d’un bord. Box Suisse et Etranger bien alignés de l’autre. A ta droite une machine à timbres avec pesée et rendu monnaie. A ta gauche un Postomat dernier cri. Plus loin, un comptoir à formulaires avec son tabouret pivotant pour ton confort, face à une vitrine à natel judicieusement placée dans ton axe visuel… Comme tu es malgré tout désorienté, la Poste pense pour toi, et t’offre une signalétique très élaborée avec « cerise sur le gâteau » ; Deux beaux écrans plasma vantant un produit édulcoré fortement « Postfinancisé ». T’avançant plus encore dans le monde merveilleux Postal ; tu devines au loin, derrière deux queues interminables, un pauvre bougre courant d’un guichet « envois à retirer/retrait colis » au guichet « paiements/dépôts recommandés et colis ». Guichets, il faut le préciser, généreusement garnis pour l’un : Du dernier album Titeuf et de la biographie de Jürg Bucher. Pour l’autre, d’une débauche de friandises subissant l’assaut des papilles exacerbées de nos protégés de 7 à 77 ans, dans le dos même de notre pauvre serviteur. Bonjour le coulage !

Enfin pour en terminer avec ton bureau appelé dorénavant succursale, c’est plus classe, et après au moins dix minutes d’attente…Tu te présentes en vainqueur pour un renseignement quelconque sur ton compte ou sur un natel. Et là ; le pauvre type à la tenue ridicule siglée La Poste, ressemblant plus à une tenue de magasinier te répond, déconfit et oreilles rabattues : «  il faut prendre un RDV avec notre conseiller clientèle… » Malgré toi, excédé ; ton regard assassin lui pose une balle explosive entre ses yeux larmoyants de culpabilité. Demi-tour, pour une sortie dents serrées…

Là encore je ne te parle pas des dépôts colis et envois à retirer chez l’épicier du coin qui se répandent tel le H1N1. Ainsi entre cagettes de poireaux et sachets de choux de Bruxelles, tes colis t’attendent. Tout comme tes pièces recommandées soigneusement rangées dans leur « BB », parfois agrémentées de traces de doigts gras, voire de scories de fromage après découpe en crèmerie…

_C’est triste, voilà mon sentiment !

_Comme pour la majorité d’entre nous dans ce monde « déglingué ». Les métiers à fort savoir, forte maitrise sont laminés, formatés, informatisés, optimisés au point de nous réduire au rang de robots écervelés. Imagine-toi ce pauvre buraliste dès à présent renommé conseillé, courant de succursale en succursale. Réglant à la fois les problèmes de personnel PV. Prenant RDV sur RDV pour tenter d’atteindre des objectifs inatteignables fixés par nos actionnaires. Qui rentrant le soir, exténué, médite sur son salaire de misère au regard du temps passé.

Voilà pourquoi mes amis, je hais la dernière phrase assassine, de cette lettre d’une élite totalement déconnecté du monde réel. En terme humain, pour les « petits, les faibles, c’est la porte ouverte au suicide collectif. Une planification en 3D pour la salle d’euthanasie.

_Que veux-tu dire Ferdinand ?

_Je veux vous dire…

_De Fermer vos journaux. De couper vos écrans de télévision et de de réveiller vos consciences au-delà même de notre entreprise. Un autre monde est possible. Loin de la pensée unique ultra libérale de nos oligarques dont font partie  nos dirigeants actuels. Fondé sur la toute-puissance de l’argent. Nouvelle religion universelle, mais dévastatrice à court terme.

Un monde emplit de bon sens, tout simplement.

Réfléchissez…et…

Rejoignez-moi, rejoignez-nous.

Fichier attachéTaille
Les_maux_de_Ferdinand_N5.pdf278.07 KB